Absences orientales (Liban)

Quelques mois passés à Beyrouth, fin 2010, qui se sont soldés par un départ précipité vers l’Europe, via Damas et Istanbul. Quelques mois dans un pays que j’ai regardé comme dans un mauvais rêve, désaccordé que j’étais pendant cette période. Je regrette maintenant de m’être laissé allé alors à ce sentiment d’étrangeté au monde, de n’avoir pas profité davantage des rencontres, si enrichissantes, et de l’accueil plein d’humour et d’humanité que l’on me proposait. En ressortant aujourd’hui ces quelques images, j’aurais aimé voir autre chose que ces absences en moi qui semblaient partout. Ces séjours à Damas, surtout, prennent une autre dimension : trois mois après mon dernier passage dans cette ville, dont le décor des Mille et Une Nuits réussissait à me sortir de ma torpeur le temps d’un week-end hors de Beyrouth, naissaient les premières manifestations anti-Assad, avec les suites que l’on connaît. Sans en être bien conscient alors, entre deux chichas, je me promenais au milieu des pélerins chiites, des dresseurs de pigeons et des oiseleurs et réalisais à peine que le pays, resté à la dernière mode des années 1970, s’ouvrait très timidement au reste du monde, heureux d’accueillir quelques étrangers… J’avais à ce moment l’impression d’avoir le temps devant moi, de pouvoir revenir dès que mes yeux s’ouvriraient à nouveau. Que sont devenus les quelques personnes photographiées alors ?